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Du kayak de mer dans la forêt pluviale du Grand Ours à l'observation des grizzlys le long de Blackfish Sound, au large du nord-est de l'île de Vancouver, notre équipe de guides experts vous fera vivre le Pacifique autrement.
“Spring Island, un kilomètre carré de forêt sauvage sur la côte ouest du Canada ... "
Mai - Juin 2017
Olivier Sautet
Olivier Sautet
Robin Christol
Robin Christol
Spring Island, un kilomètre carré de forêt sauvage sur la côte ouest du Canada. Les athlètes de MANERA ont installé un petit camp et y ont vécu pendant sept jours, cherchant le vent, les vagues & l'aventure.
Nous nous sommes retrouvés sur la plage de Rugged Point, démêlant nos lignes de kite sur des pistes d'ours. Un matin, Etienne trouva ses bottes en néoprène dévorées par les loups. Nous avons surfé avec une baleine ...
Nous tremblons encore en repensant à ces sessions, nos mains s’engourdissent encore à la mémoire de ces eaux glacées.
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"Nous tremblons encore en repensant à ces sessions..."
Du kayak de mer dans la forêt pluviale du Grand Ours à l'observation des grizzlys le long de Blackfish Sound, au large du nord-est de l'île de Vancouver, notre équipe de guides experts vous fera vivre le Pacifique autrement.
Un matin Etienne a retrouvé ses chaussons néoprène dévorés par les loups.
“Le froid, l’aventure & le manque de confort façonnent des souvenirs durables...”
“RUGGED POINT, une aventure lointaine dans l'un des plus beaux endroits de la planète.”
Il fait nuit noire, secoués pendant plusieurs heures sur une piste en mauvais état, épuisés, le van freine et s’arrête enfin. Autour de nous se dressent d’immenses sapins, nous sommes dans une petite clairière tout au bout d’un fjord. Un semi-rigide nous attend, amarré au bout d’un vieux ponton en bois. Deux Canadiens barbus en sortent torches à la main, ils nous éblouissent. Ce sont nos guides : Bobby et Phil.
Après 11 heures de vol, 2 heures de navette, 2 heures de ferry, 6 heures de route et quelques heures de piste nous touchons enfin au but : Spring Island, notre destination finale. Il faut maintenant rentrer 12 boardbags, 8 personnes, trois drones, deux caméras et une mallette photo sur le bateau. Et pas question de sacrifier les bières.
Nous partons donc à l’aveugle et dans un bateau surchargé, slalomant entre les récifs et les îles que nous apercevons à peine. Il fait froid, très froid, et il commence à pleuvoir une sorte de neige fondue. Nous sommes tous planqués sous les vestes et capuches, Paul et David sont emmitouflés dans leurs duvets à l’avant et nous tentons de ne pas geler. Nous jetons des regards furtifs autour de nous, nous ne distinguons que l’ombre de grandes forêts découpées devant les nuages, mais une vive couleur bleu attire notre attention : Nous naviguons sur un banc de plancton, qui devient phosphorescent au passage du bateau. L’eau scintille autour de nous, c’est un spectacle improbable que nous prenons comme un signe de bienvenue dans l’Ouest Canadien.
En approchant de Spring island, les guides nous donnent deux infos : L’île fait 2km², mais accueille une dizaine de loups, venus ici depuis la côte de Vancouver.
Il y aura donc, durant 8 jours, autant de loups que d’humains sur l’ile.
La deuxième info est qu’il n’y a pas de quai, et que nous devons plonger à l’eau pour aider le bateau à manœuvrer et décharger les affaires. C’est avec les pieds durs et glacés que nous marchons pour la première fois sur la plage de galets qui mène au camp, des boardbags plein les bras.
Spring Island est un bout de forêt perdu sur la côte Pacifique de l’île de Vancouver, situé entre la Péninsule de Brooks et l’île de Nootka, le plus proche village sur la côte se nomme Kyuquot, et c’est loin d’être une mégalopole. Il n’y a qu’une épicerie pour se ravitailler et elle est ouverte trois jours par semaine, quatre heures dans la journée… !
Le camp est situé sur la façade Est de Spring island dans une petite baie abritée, il dispose d’une salle commune faite de bois et de bâches, rudimentaire mais charmant et pratique. Nous dormions dans des tentes à la lisière de la forêt le long de la plage, trois personnes par tentes. Après une mise en place stratégique pour éviter les riders qui ronflent, certains réalisent qu’ils avaient oublié leur matelas gonflable, et ont donc fini par dormir sur des tas de boardbags usés et de ponchos humides tout le long du séjour.
Il n’y a évidemment pas de douche, mais deux super coins toilettes avec vue à 360° sur la forêt. Le seul confort moderne que nous nous autorisons est un petit générateur afin de charger les batteries des caméras et drones.
Nous passons une première nuit difficile : il y a du vent, il pleut sur la tente et le décalage horaire rend le sommeil léger. On sort donc du lit assez tôt, pressés d’explorer un peu les environs.
L’île n’accueille quasiment aucun humain, alors la faune est développée et tranquille : Lorsque la marée est basse les loups viennent chercher des coquillages en face des tentes, des aigles royaux nichent sur les sapins au-dessus de nous, et les loutres font la planche paisiblement dans la petite baie abritée du camp.
Ce genre de photoshooting demande beaucoup de patience et de ressources physiques. Le confort est rudimentaire, et il ne faut pas s’attendre à une bonne douche chaude après la session. C’est donc avec une petite équipe motivée que nous sommes partis : Pauline VALESA, David TONIJUAN, Paul SERIN, Camille DELANNOY & Etienne LHOTE. Pour les médias : Olivier SAUTET à la caméra et Robin CHRISTOL à la photo.
Nos trois guides ont chacun une spécialité :
Bobby est le boss de Wild Pacific Expeditions, il dirige des expéditions dans toute la Colombie Britannique, le plus souvent en bateau. Il connait la côte, les spots, et nous y emmène grâce à son gros semi-rigide. C’est un surfeur et il comprend donc facilement ce dont nous avons besoin pour tourner nos images.
Phil est Québécois, un soir ou le surf lui manquait il a décidé de rejoindre la côte Pacifique. Le lendemain il a traversé le Canada en stop pour rejoindre Tofino. Passionné de surf et de vie sauvage, il nous aide avec le matériel et dans le choix des spots.
Rowan est un pur local, il part en expédition dans les forêts de Vancouver depuis qu’il est tout jeune, il connait la faune, la flore, et l’île en général. Il nous guide à terre et gère la logistique.
Ne disposant pas de réseau nous devons écouter les prévisions sur une fréquence radio spécifique. Le vent est annoncé NO faible mais se renforçant tout le long de la semaine. Nous partons donc explorer la côte O/NO de l’île pour chercher un spot.
La forêt est un écosystème intouché, nous passons par un petit sentier traversant l’île, les nombreuses chutes d’arbre en travers rendent la marche sportive. Il nous faut à peu près 20min pour atteindre l’autre côté. En traversant les derniers sapins nous posons nos pieds sur une grande plage de sable, parfaitement exposée au vent annoncé. Des îles et des récifs forment une barrière autour de la baie, assez haute pour protéger du clapot, mais assez basse pour ne pas déranger le vent, ça semble très prometteur ! Le spot est magnifique, la plage et les îles sont bordées d’immenses sapins, le soleil se couche et nous apercevons la péninsule de Brooks au loin. Nous n’attendons plus que le vent !
S’en suivent 4 jours d’exploration, de quête du vent. Nous errons entre la péninsule de Brooks et de Rugged Point, mais rien n’y fait, nous ne mettrons pas un aileron dans l’eau, le vent oscille autour des 5 nœuds, et l’océan est flat.
"C’est l’occasion de repérer les spots aux alentours, de croiser des ours sur la côte, de pêcher pour le dîner..."
Nous construisons même un slider : Les plages de Vancouver sont remplies de tronc d’arbres propres et bien découpés, ce qui semble étrange à première vue. Rowan nous explique que les scieries font venir leur bois par la mer, et il arrive que certains tronc s’échappent lors du transport, ils finissent donc souvent empilés sur les plages. C’est très pratique pour faire du feu un peu partout, très dangereux pour les bateaux aux alentours, et semble plutôt pas mal pour glisser dessus avec une board. Nous avons passé des heures à fixer ce tronc sur une petite île pour ne jamais avoir la bonne marée avec le bon vent pour l’utiliser, il doit toujours être planté au même endroit et les pêcheurs doivent toujours se demander comment la mer a pu fixer un tronc dans cette position… !
C’est au bout du cinquième jour que nous pouvons enfin mouiller les combinaisons, un swell de bonne taille est annoncé et il devrait assez s’envelopper autour de Brooks pour atteindre un joli beachbreak. Le vent doit se lever dans la soirée alors nous optons pour une première session SUP/Surf. Nous nous dirigeons donc, tôt le matin, vers la péninsule de Brooks.
Après une petite heure de bateau le long de la côte, nous arrivons dans une baie au sud de la péninsule, nous sommes derrière le peak, la houle a l’air petite et nous perdons espoir… Mais soudain Bobby accélère brusquement pour éviter une belle série qui rentre. La houle monte, déferle et ouvre bien ! Cinq petites minutes plus tard nous étions tous à l’eau, au peak, prêts à prendre nos premières vagues en Colombie Britannique. L’eau est bleu translucide, les vagues déroulent en droite le long d’un massif rocheux, nous restons à l’eau quelques heures puis quelques risées commencent à rentrer… Ce qui annonce le début de la session Kite.
Nous fonçons à la pointe de Brooks, ou le vent et le swell frappent la cote de plein fouet. Un groupe de lions de mer énervés nous attendent, et il y a un peak de droite qui déferle juste à côté. Le vent est light mais navigable, Etienne et Camille foncent à l’eau pour une session vague… Que nous ne pourrons pas filmer car le bateau ne peut s’approcher assez de la vague pour avoir un angle exploitable. Après des heures dans l’eau et sur le bateau, nous rentrons donc au camp fatigués, heureux d’avoir pu surfer mais frustrés de la session Kite…
Le 6ème jour les conditions semblent plus prometteuses avec un vent beaucoup plus fort annoncé, nous décidons donc de camper toute la journée sur la côte Ouest de Spring. Nous prenons de quoi déjeuner et dîner et nous partons vers la forêt. Nous faisons un gros feu pour se réchauffer et attendons le vent sagement, jusqu’aux premières risées.
Il y a 15-20 nœuds irréguliers et froids, plusieurs grains passent au-dessus de nous et le vent a tendance à faire du on/off. Les riders se relaient deux par deux, David et Pauline puis Paul et Camille, deux se réchauffent autour du feu pendant que deux sont dans l’eau. C’est peut être notre seul jour de vent, alors ils enchaineront les sessions de midi jusqu’à la nuit.
"Les conditions sont rudes mais nous avons le sourire."
Nous sommes au bout du monde entre potes, au milieu de nulle part et nous avons du vent pour naviguer et du feu pour se réchauffer.
Nous traverserons la forêt une dernière fois pour rentrer au camp, la session freestyle est dans la boîte !
Septième et dernier jour pour nous sur l'île, nous cherchons des conditions de strapless. Petit déjeuner devant la carte des environs, nous discutons avec Bobby pour savoir quel spot prendra le plus de vent.
Nous choisissons de partir vers Rugged Point, un parc naturel juste au Sud-est de Spring island. La houle étant forte, nous passons à l’intérieur des fjords pour atteindre notre destination, nous remarquons de suite que le vent souffle fort : l’effet venturi fonctionne et la péninsule de Rugged prend 20 nœuds établis plein onshore sur la plage côté Nord. Etienne et Camille gréent et se mettent à l’eau, les conditions sont parfaites, le vent est régulier, il fait beau et le backdrop est incroyable.
La houlette du fjord fournit de petits kickers, Camille enchaine les double-front et Etienne les aerials, puis la session s’achève sur la plage à griller du maïs sur le feu. C’est notre dernière soirée sur ces terres sauvages, demain nous partons pour Tofino, plus au sud de Vancouver. La soirée se terminera au camp, autour du feu, bières à la main, à débriefer ces moments privilégiés dans la nature.
"Nous avons passé toutes nos soirées à discuter, débattre, se marrer."
Nous étions un groupe isolé sans personne à des kilomètres à la ronde, mais nous n’avons jamais passé de moment solitaire. Le réseau téléphonique étant indisponible, personne n’avait les yeux rivés sur un écran et les moments en groupe étaient bien plus dynamiques qu’a l’habitude.
Nous vivions le moment à fond, profitions de ce luxe que nous offrait la Colombie Britannique. Nous avions beau vivre dans des tentes, sentir l’algue et faire nos besoins dans les bois, ce retour à l’état quasi-sauvage fait du bien, il ressource, il aide à prendre du recul sur notre vie de tous les jours.
Huitième jour, il est midi, un hydravion se pose et 6 d’entre nous embarquent pour Tofino, un village de surfeur plus au Sud de Vancouver. Bobby, Rowan, Phil, David et moi-même partons en bateau avec tout le matériel, nous rejoindrons notre port d’arrivée et ferons les 6 heures de route pour rejoindre les autres.
Nous faisons une étape de trois jours à Tofino car il y a plusieurs baies très bien orientées pour les conditions de vagues. Lorsque nous rejoignons finalement les autres avec David, tous étaient déjà sous le charme de l’endroit et tentaient de me convaincre de déménager le siège social MANERA ici !?!
Effectivement, le village semble hors du temps, le surf est très présent partout et on y retrouve une sorte d’ambiance hippie moderne… Nous fonçons vers la plage, à fond dans nos vans loués. Mais malgré toutes nos recherches, le vent ne sera pas au rendez-vous… Nous passons du temps dans l’eau à surfer en guettant la moindre risée, mais rien n’y fait, ce sera glassy tous les jours.
Nous surfons au Sud de Long Beach lorsque nous voyons le drone d’Olivier tourner au-dessus de nous, ce qui est étrange car nous n’avons pas prévu de plan de surf ?
Soudain un puissant spray sort de la surface de l’eau, se dirigeant vers le ciel…. Une baleine ! Elle n’était pas à plus d’une dizaine de mètres de nous, et nous ne l’avions même pas remarquée. Elle se déplaçait autour de nous, squattant les meilleurs peaks au détriment des surfeurs et remuant le fond sablonneux pour trouver de quoi manger. Ce fut un beau cadeau de départ.
Nous finirons la traditionnelle dernière soirée entre les locaux de la Tofino Brewing Co, quelques sushis au saumon local, et une table de Beer-pong…
Dans l’avion il est temps de faire le bilan, de préparer la bonne réponse à la question : « comment c’était ? ». Bien, génial, incroyable... ?
"La vérité c’est que c’était indescriptible."
Nous nous sommes retrouvés sur la plage de Rugged Point, démêlant nos lignes de Kite sur des traces d’ours. Un matin Etienne a retrouvé ses chaussons néoprène dévorés par les loups. Nous avons surfé avec une baleine…
Même si les conditions sont parfois rudes, changeantes & imprévisibles, nous n’échangerions pas nos places pour une destination plus classique. Le froid, l’aventure & le manque de confort façonnent des souvenirs durables que seuls ceux qui les ont vécus peuvent comprendre.
Nous tremblons encore en repensant à ces sessions,
Nos mains s’engourdissent encore à la mémoire de ces eaux glacées.
Il était dur de quitter cet endroit,
Nos vies quotidiennes n’ont pas changé, mais nous si.
Julien Salles
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L'aspect le plus important d'une combinaison MANERA est probablement la façon dont elle est conçue.
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